En 2025, la Martinique, île prisée pour son tourisme balnéaire, confronte son paysage hôtelier à une énigme majeure : quatre de ses hôtels historiques restent à l’abandon malgré des promesses répétées de rénovation et d’investissement. L’Hôtel La Batelière à Schoelcher, le célèbre Club des Trois-Îlets, l’incontournable Marouba au Carbet, et le Kalenda situé à la Pointe du Bout constituent autant de symboles d’un passé glorieux désormais figé. Ces établissements, qui autrefois furent des piliers du tourisme et de l’emploi local, témoignent d’un blocage pérenne causé par des litiges judiciaires, des difficultés financières, et des embûches administratives. Alors que la Martinique aspire à maintenir son attractivité notamment face aux défis économiques post-pandémie, la situation de ces hôtels est un frein majeur à son essor touristique et social. Les populations locales se retrouvent partagées entre espoirs déçus et inquiétudes face à la dégradation des sites et aux risques d’insécurité. Par ailleurs, la dynamique touristique est aussi soutenue par d’autres établissements tels que l’Hôtel de la Baie, Le Grand Sud, et Villa Rosa, qui continuent de tirer la croissance du secteur. Cette analyse plonge dans les dossiers détaillés de ces quatre hôtels emblématiques, décortique les enjeux qui freinent leur renaissance et interroge l’avenir touristique et économique de l’île dans ce contexte délicat.
Les blocages judiciaires et financiers autour de l’hôtel La Batelière : un projet arrêté en plein envol
L’Hôtel La Batelière, réputé pour avoir symbolisé le tourisme d’affaires à Schoelcher, illustre parfaitement les défis qui minent les projets de réhabilitation en Martinique. Mis en redressement judiciaire en 2024, puis liquidé quelques mois plus tard, son avenir dépendait du consortium formé par le groupe Karukéra et Casbat qui a finalement acquis le site pour 5 millions d’euros. Leur ambition était grande : un investissement global de 30 à 40 millions d’euros pour un réaménagement complet et une réouverture prévue d’ici 2028. Pourtant, un épineux recours en cassation déposé par un concurrent évincé a stoppé net toutes avancées. La justice, dont la décision est attendue pour 2026, retient fermement l’avenir du projet.
Ce blocage judiciaire ne se limite pas à un simple retard ; il a engendré une détérioration importante du site qui, fermé aux visiteurs, est aujourd’hui victime de squats et suscite la crainte des riverains qui dénoncent une insécurité grandissante dans le quartier de Schoelcher. Cet hôtel, autrefois vibrionnant, s’apparente désormais à un « trou noir » pour le tourisme local. La pression sociale se fait sentir avec la perte des centaines d’emplois que l’établissement aurait pu générer, aggravant la précarité dans une région où le secteur hôtelier est un moteur économique crucial.
- Redressement judiciaire en 2024 puis liquidation.
- Acquisition du site pour 5 millions d’euros par le groupe Karukéra et Casbat.
- Prévision d’investissements entre 30 et 40 millions d’euros.
- Recours en cassation en instance jusqu’en 2026.
- Dégradation avancée et squats, inquiétudes sécuritaires.
Dans ce contexte, la complexité juridique devient un véritable frein à l’investissement, illustrant combien le droit et la finance doivent s’accorder pour relancer l’hôtellerie sur l’île. Il est important de rappeler que d’autres établissements comme les Jardins de la Martinique ou le Palais des Iles continuent de prospérer, montrant qu’un tourisme d’excellence reste possible malgré ces défis.
| Élément | Situation actuelle | Projet initial | Conséquences |
|---|---|---|---|
| Acquisition | 5 millions d’euros (Karukéra & Casbat) | Réhabilitation complète | Projet gelé pour 2 ans minimum |
| État du site | Fermé, squatté, dégradé | Réouverture prévue 2028 | Inquiétude chez riverains |
| Litige judiciaire | Recours en cassation avec concurrent évincé | Pas de litige anticipé | Blocage total des travaux |
| Emploi | Chômage induit par fermeture | Création de centaines d’emplois | Perte économique majeure |
Le Club des Trois-Îlets : un projet en attente malgré l’approbation officielle
Fermé depuis 2014, le Club des Trois-Îlets symbolise un autre visage du marasme hôtelier en Martinique. Son destin semblait tourné vers un renouveau en 2023 avec la sélection par la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) du groupe Zénitude pour convertir l’ancien club en un hôtel quatre étoiles. L’investissement annoncé de 7 à 8 millions d’euros devait permettre la création d’une quarantaine d’emplois, un souffle vital pour l’économie locale.
Pourtant, en juillet 2025, le site affichait toujours son calme déconcertant, sans aucun signe visible de chantier ou de travaux de rénovation. Ce silence se comprend par des lenteurs administratives lourdes et un montage financier encore fragile. En effet, bien que le projet ait obtenu des accords officiels, les contraintes institutionnelles ne cessent de ralentir son émergence effective. Ce phénomène dépasse le simple retard : il traduit une impasse stratégique face à des processus complexes qui s’étirent sans solution concrète sur le terrain.
- Fermeture en 2014 et abandon prolongé.
- Sélection du groupe Zénitude en 2023.
- Budget annoncé de 7 à 8 millions d’euros.
- Création prévue d’une quarantaine d’emplois.
- Projet suspendu en attente de financements et autorisations.
La transformation du Club des Trois-Îlets aurait dû s’inscrire dans la continuité d’autres établissements comme l’Horizon Bleu ou La Réserve Tropicale, qui ont su conjuguer charme et modernité. Sa mise en pause interroge donc sur la capacité des acteurs à répondre efficacement aux attentes touristiques de la Martinique, notamment dans le secteur du tourisme de qualité et durable.
| Aspect | Statut en 2025 | Projection | Impact attendu |
|---|---|---|---|
| Propriétaire | Groupe Zénitude | Hôtel 4 étoiles | Création de 40 emplois |
| Budget | 7-8 millions d’euros | Investissement complet | Bénéfices économiques locaux |
| Travaux | Absence totale | Début des chantiers espéré | Retard du secteur hôtelier |
| Autorisation | Difficile à obtenir | Validation attendue | Gel du projet |
L’hôtel Marouba au Carbet : un projet ambitieux étouffé par l’administratif et le financier
Sur la côte caraïbe, l’hôtel Marouba incarne une autre histoire poignant du tourisme martiniquais. Fermé en 2015, ce site mythique est devenu une silhouette fantomatique sur le littoral. Dès 2023, un nouveau souffle a été envisagé grâce au projet Sapotille, piloté par le groupe Nexalia et ses partenaires. Ce plan de transformation visait un complexe haut de gamme quatre étoiles intégrant un spa et une thalasso, avec un budget évalué à 15 millions d’euros environ. Ce projet répondait à une demande croissante pour une offre touristique de qualité combinant bien-être et nature.
Cependant, en 2025, aucune pierre n’a été posée ni aucun chantier commencé. Les raisons sont multiples mais convergent toutes vers une lourde machine administrative paralysante. L’enchevêtrement des procédures, les conflits de compétences entre autorités locales, régionales et nationales, ainsi que des problèmes à sécuriser les financements ont gelé ce projet pourtant porteur de perspectives significatives.
- Fermeture depuis 2015.
- Projet Sapotille retenu en 2023.
- Budget autour de 15 millions d’euros.
- Complexe hôtelier spa-thalasso prévu.
- Blocage avancé pour raisons administratives et financières.
L’exemple du Marouba démontre la difficulté à conjuguer ambition, patrimoine et contraintes structurelles. Cette situation n’est pas unique et met en parallèle d’autres hôtels plus modernes comme le Bord de Mer ou Les Étoiles des Caraïbes, qui réussissent mieux à séduire les investisseurs et les touristes.
| Caractéristique | État actuel | Objectif initial | Facteurs de blocage |
|---|---|---|---|
| Projet | Gelé sans chantier | Complexe hôtelier 4 étoiles | Lenteurs administratives |
| Budget | 15 millions d’euros annoncés | Investissement prévu complet | Financements difficiles à sécuriser |
| Status légal | En attente de déblocage | Validation locale et régionale | Multiples procédures en cours |
| Offre touristique | Absente depuis 10 ans | Spa et thalasso inclus | Projet suspendu |
Regards croisés sur les projets bloqués
En analysant les situations, il apparaît que la problématique commune aux hôtels La Batelière, Club des Trois-Îlets et Marouba concerne la coordination institutionnelle. La multiplicité des acteurs et la lourdeur des procédures administratives sont des verrous majeurs. Par exemple, les appels à manifestation d’intérêt évoqués prochainement par la CTM visent clairement à identifier des exploitants fiables et capables de s’adapter à ces contraintes rigoureuses.
Kalenda, le terrain vide de Pointe du Bout : entre espoirs déçus et enjeux fonciers
Le Kalenda, autrefois joyau de la chaîne Méridien, fermé depuis 2008 et démoli en 2016, occupe une place particulière dans le dossier des hôtels abandonnés. Depuis le rachat du terrain en 2023 par l’Établissement Public Foncier de la Martinique (EPF) pour 4,8 millions d’euros, un discours optimiste a été porté autour d’un appel à projets à venir dans un délai de quatre ans.
Pourtant, selon Arnaud René-Corail, président de l’EPFL, cette initiative demeure suspendue à l’autorisation de construction et à la capacité des investisseurs, notamment le groupe Karukéra, à sécuriser un budget passant de 35 millions à environ 50 millions d’euros. Ce surcoût, combiné à la conjoncture économique incertaine, bloque pour l’instant toute opération concrète.
- Fermeture définitive dès 2008, démolition en 2016.
- Rachat par EPF Martinique pour 4,8 millions d’euros en 2023.
- Projet initial estimé à 35 millions d’euros puis revu à 50 millions.
- Appel à projets prévu mais suspendu en attente des financements.
- Importance stratégique pour le Grand Sud et la dynamique touristique régionale.
La situation du Kalenda illustre bien les difficultés rencontrées par la Martinique pour redynamiser certaines zones touristiques clés. Le site, qui fait partie intégrante du Grand Sud martiniquais, pourrait pourtant accueillir un hôtel capable de rivaliser avec des établissements comme les Jardins de la Martinique, le Palais des Iles ou encore Villa Rosa.
| Paramètre | Détails 2025 | Projection | Défis majeurs |
|---|---|---|---|
| Achat terrain | 4,8 millions d’euros par EPF | Appel à projets envisagé | Attente autorisation de construire |
| Coût travaux | De 35 à 50 millions d’euros | Projet hôtel 4 étoiles | Problèmes de financement |
| Impact régional | Grand Sud stratégique | Renforcement du tourisme local | Lenteur administrative |
| Statut actuel | Terrain vacant, projet suspendu | Relance en attente |
Ces cinq sites méritent une attention particulière : l’Hôtel des Anses, Horizon Bleu, Villa Rosa, la Réserve Tropicale et Bord de Mer sont encore actifs et contribuent au dynamisme touristique insulaire. Leur résistance face au marasme démontre l’importance d’une gouvernance adaptée et d’investissements solides.
Un avenir incertain pour le tourisme martiniquais face aux défis sociaux et économiques
La fermeture prolongée de ces quatre hôtels emblématiques, représentant des centaines de salariés licenciés, est une alerte majeure pour l’économie locale et le développement touristique. Le tourisme, moteur vital de la Martinique, se confronte à des tensions inédites. La Collectivité Territoriale de Martinique prépare une session plénière en septembre 2025 pour aborder spécifiquement ce dossier, avec la volonté de diffuser des appels à manifestation d’intérêt afin d’attirer des exploitants solides et engagés.
La Martinique, connue pour ses plages idylliques et sa culture vibrante, doit cependant composer avec des difficultés telles que :
- Contentieux juridiques ralentissant les projets.
- Lenteurs administratives complexes à surmonter.
- Manque de financements adaptés et sécurisés.
- Conséquences sociales importantes liées aux pertes d’emplois.
- Pression pour moderniser et renforcer l’offre touristique.
Parallèlement, certains établissements comme Les Étoiles des Caraïbes et l’Hôtel de la Baie continuent à briller, prouvant qu’un équilibre est possible entre tradition et renouveau. Le défi est donc d’allier accélération des procédures, attractivité des investissements et cohésion sociale pour sortir de cet impasse.
| Enjeux | Situation actuelle | Perspectives | Actions prévues |
|---|---|---|---|
| Emplois | Des centaines perdus | Recrutement anticipé | Relance par appels à projets |
| Investissements | Gelés | Montages financiers renforcés | Soutien institutionnel accru |
| Procédures | Lourdes et multipliées | Simplification envisagée | Assistance technique aux porteurs |
| Sécurité | Inquiétudes riverains | Renforcement de la surveillance | Actions locales de prévention |
Il s’agit donc d’une étape charnière pour la Martinique. En conjuguant volontés politiques et investissements structurants, l’île pourrait transformer ces déceptions actuelles en opportunités durables pour son secteur touristique.
FAQ sur les hôtels emblématiques abandonnés en Martinique en 2025
- Pourquoi ces hôtels emblématiques restent-ils à l’abandon ?
La plupart sont bloqués par des contentieux judiciaires, des lenteurs administratives et des difficultés à mobiliser les financements nécessaires. - Quels sont les projets en cours pour leur relance ?
Des projets de réhabilitation sont annoncés, notamment par des groupes comme Karukéra ou Zénitude, avec des investissements allant de 7 à 50 millions d’euros suivant les sites. - Quel impact ce blocage a-t-il sur l’économie locale ?
Il engendre des pertes d’emplois importantes dans le secteur hôtelier et freine le développement touristique, affectant négativement la région. - Comment la Collectivité Territoriale de Martinique agit-elle ?
Elle prévoit d’organiser en septembre 2025 une plénière pour discuter de la situation et lancer des appels à manifestation d’intérêt pour trouver des exploitants solides. - Y a-t-il des hôtels qui fonctionnent bien malgré ce contexte ?
Oui, des établissements comme l’Hôtel de la Baie, Le Grand Sud, et Villa Rosa continuent à contribuer au dynamisme du tourisme martiniquais.
Pour aller plus loin sur le thème des hôtels abandonnés, consultez des ressources dédiées comme ce dossier sur les hôtels abandonnés en France ou l’analyse locale sur le site RCI Martinique. Pour un regard culturel plus large, le site Madinin’Art offre des réflexions éclairantes sur le patrimoine à l’abandon en Martinique.